vendredi 22 juin 2007

L'étranger

Voilà un livre qui bénéficie d'une place privilégiée dans la littérature française puisqu'il a été à une époque le livre le plus étudié pour le bac. A ce titre c'est à peu près le seul souvenir de littérature pour beaucoup de gens qui ne lisent pas, ou si peu. Conséquence directe : quand la Fnac faisait un sondage en 2000 sur les livres les plus importants du 20e siècle c'est L'étranger qui arrivait en tête. Un choix consensuel donc, nettement devant Voyage au bout de la nuit, Les faux-monnayeurs et aussi Manhattan transfer (des livres qui ont dû être cités sans avoir été vraiment lus).

La première phrase de L'étranger est une des plus célèbre de la littérature française (quoiqu'un homme politique français, qui mérite bien l'anonymat, s'est planté en voulant faire le malin sur la question il y a quelques mois) et elle pose tout de suite l'intrigue vécue depuis le cerveau même du narrateur. L'accroche est suffisamment universelle, les phrases courtes et simples pour qu'on entre dans l'histoire sans se forcer.

Page 69. Dans l'édition de référence Folio c'est le début du chapitre 5 et la page est emblématique du roman, rien à dire. Meursault y enchaîne sur le même ton mortellement neutre le constat de son manque d'ambition professionnelle et de son manque de passion au niveau privé quand il répond à Marie qu'il veut bien l'épouser si elle veut mais qu'il ne l'aime pas, que tout lui est égal. C'est assez étonnant qu'un personnage aussi peu passionné, aussi peu passionnant soit le "héros" du livre le plus connu, ou le plus lu, de la littérature française. Le style de Camus est en phase avec ce personnage terne, ce mort vivant, qui pour subir sa vie n'en propose pas pour autant une vision particulière. Il n'est même pas un héros noir rattrapé par son passé, la fatalité etc. Sérieusement je pense que le style "à tatons" (phrases courtes, idées simples) explique à lui seul le "succès" (assisté par l'éducation nationale) du livre. Pas compliqué à lire en entier et très rapidement, lecture liée au souvenir du lycée et finalement satisfaction d'avoir ce bout de culture à revendiquer.

Pousser jusqu'à la page 114 (ch. 2 de la 2nde partie) ne nous apprend rien de plus sinon au niveau de l'évolution de l'intrigue. Meursault qui décrit sa vie en prison est plus inintéressant et même fatiguant que jamais.

Comment peut-on garder un souvenir fort de la lecture de L'étranger ? Ce n'est pas dans le bouquin qu'il faut trouver la réponse. En tout cas le test de Marshall McLuhan fonctionne parfaitement pour qui souhaite éviter une mésaventure de lecteur aussi importante que d'être pris en otage par "Aujourd'hui maman est morte."

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