mardi 10 juillet 2007

Le Château

L'eau de prose de Camus ce n'est pas vraiment de la grande littérature. Pour en avoir la preuve flagrante il suffit de comparer à un véritable auteur chez qui l'absurde du monde qui nous entoure est nettement mieux décrit, mis en scène... même dans l'inachevé.
Peut-on regretter longtemps que Kafka n'ai pas terminé le Château ? Connaissant le profond pessimisme qui imprègne l'absurde fatalité dans ses oeuvres les plus connues comme La Métamorphose ou Le Procès ce n'est pas par sadisme ou masochisme (suivant notre degré d'implication dans l'histoire du héros K.) qu'on veut une fin, mais plutôt par habitude et surtout, dans le cas de Kafka où la prose est un régal de lecture, une conclusion qui nous permet d'accepter simplement, sans caprice, la fin du parcours.
Sans trop connaître Kafka, et même en faisant confiance au test de McLuhan voire aux bons mots de l'éditeur, impossible de savoir que le roman n'a pas de fin. C'est donc un rare cas où un rapide coup d'oeil à la dernière page peut éviter une frustration, surtout au lecteur rigidement arrimé à l'idée qu'un roman c'est un début, une fin et beaucoup de mots au milieu. Encore que je me souviens d'un personnage qui expliquait commencer par la fin pour être sûr de connaitre la conclusion quoi qu'il lui arrive une fois le livre ouvert...

La première page décrit l'arrivée de K. au village dominé par le château. Un étranger arrive dans un village : début oh combien classique et efficace pour lancer une histoire avec ce qu'il faut de questions en suspens, d'atmosphère plus ou moins inquiétante suivant les ambiances, les villageois rencontrés, leurs histoires...
La page 69 fournit un aperçu d'une relation amoureuse du héros au milieu de ce village moins mystérieux que le château mais pas forcément plus rassurant malgré, ou plutôt à cause, de sa population d'avec laquelle K. est toujours naturellement distant. Il ne se sent de plain-pied avec personne alors même qu'il commence à être bien installé. Il n'y a aucune habitude rassurante dans son quotidien, ce qui participe au mécanisme du suspense. Il reste un étranger sans fonction précise (géomètre virtuel disons) dans un village où tout les autochtones sont à leur place.
Inutile d'aller jusqu'à la page 114, les sous-intrigues prises en cours de route n'apportent pas grand chose à l'intérêt superficiel que l'on peut avoir pour le roman. Le but est de se fondre dans le décor, se perdre dans l'intrigue comme le héros, et de prendre ainsi du plaisir à cette lecture.

2 commentaires:

Fabrice SOVERAN a dit…

La page 69, ça fonctionne sur les différents formats (Poche, livre de bibliothèque, format standard).

C'est la page où la concentration laisse sa place aux penséee sexuelles, c'est l'entracte érotique, la première fois, le moment où l'on s'interroge sur la suite à donner à cette relation intime entre l'homme et le livre, entre le moi et la page suivante.

viktor a dit…

Oh oui, continue, c'est exactement ça !