mercredi 15 septembre 2010

Millénium 3 : The Girl who kicked the Hornets' Nest

Mon approche du test de la page 69 sur le tome 2 de Millénium n'était pas complètement objective. J'étais déjà bien avancé dans la lecture et comme la trame y est beaucoup plus décousue que dans le premier tome, j'étais assez déçu. OK, le tome 1 n'était pas un chef d'œuvre, simplement un très bon thriller faisant de l'original avec des éléments éculés du polar. Ce qui est déjà en soi un tour de force. Stieg Larsson écrivait ça pour le plaisir, et si son héros (voire son style) est plus fadasse que chez James Ellroy, l'intrigue, elle, n'avait rien à envier aux spécialistes du genre.

Bref le tome 2 est largement en dessous. La trame est transparente, Stieg Larsson fait mine de la compliquer en multipliant les niveaux de narration (Blomkvist, Salander, le staff de Millénium, le staff de la police, le grand méchant blond, les vieilles connaissances de Salander...), ce qui n'est déjà malheureusement pas magistral, et surtout en diluant une action qui recourt à la violence plus souvent que le suspens ne le demandait. Le test de la page 69 en était révélateur : celui qui ne cherche qu'une lecture facile n'y trouvait rien à redire. Le lecteur plus critique pouvait y déceler des raisons d'éviter de perdre son temps.

Et puis tout est résumé dans le premier chapitre du tome 3 que je vais maintenant tester sans autre a priori.

Petite déception, pas de prologue appétissant cette fois-ci mais une plate continuité avec la fin du tome 2. Autant Stieg Larsson paraissait aimer jouer avec les ellipses, autant cette approche ressemble à de la paresse. L'incipit est donc loin d'intriguer autant que dans les deux précédents volumes. De plus on a droit au point de vue d'un chirurgien urgentiste qui ne nous fait certainement pas avancer plus loin dans ce que sera le cœur de l'intrigue de cette dernière aventure. Le titre original, bien rendu dans la traduction française, La Reine dans le palais des courants d'air (une traduction littérale de l'original serait "Le château en Espagne qui a été rasé"), est nettement plus engageant que ce début d'intrigue complètement quelconque.

Mais nous savons bien que, pas plus qu'aux quatrième de couv', il ne faut pas se fier aux débuts de roman. La page 69 (fin du chapitre 3 - partie I) comporte des éléments standard d'un polar. L'action est induite dans les deux passages de la page : le rythme de la narration est bon. Rien de très intriguant (heureusement d'ailleurs, sinon il y aurait risque de spoiler), mais on semble être dans le bon tempo.

La page 114 (partie I toujours, milieu du chapitre 5 sur 7) vient-elle confirmer cette impression ? On tombe sur un passage laissant supposer que l'intrigue se tourne largement vers une histoire d'espionnage, ou plus précisément une enquête sur les services spéciaux suédois, comme le passé de Zalachenko le laissait imaginer. Le côté mystérieux est là en tout cas dans une déclinaison très films de complots des 70s avec "révélations sur des pouvoirs occultes".

En ce qui concerne mon expérience de lecteur la matière a l'air d’être là mais rien de très enthousiasmant. Lassitude après un premier tome mieux ficelé ? Lassitude pour ces 2 héros finalement très sommaires donc peu attachants ? Ou est-ce juste que la maitrise romanesque et le style ne prennent pas le relai de la curiosité sur la durée ? En tout cas tout ça me semble moins original.
Verdict sur la valeur du test des pages 69-114 à la fin de ce dernier pavé de la trilogie Millénium.

EDIT 23/9 : Ce tome 3 était finalement le meilleur (et le plus long d'ailleurs) malgré le fait que le suspens est relativement limité (nos héros ont assez vite, et de plus en plus, de l'emprise sur l'histoire). Quelques surprises ajoutent une grosse dose d'action mais l'essentiel se lit comme une enquête passionnante : ce n'est pas la conclusion qui nous intéresse mais les détails pour comprendre l'engrenage caché derrière des manifestations dramatiques. Le tome 2 était lui assez anecdotique.

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