mardi 7 septembre 2010

Millénium 2 : The Girl Who Played with Fire

Même en s'approchant du titre original - La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette - les marketeux anglais ont trahi l'auteur. L'image est pourtant précise et apparaît dès les premières pages. Cet incipit démarre d'ailleurs sur les chapeaux de roue puisque l'héroïne s'y trouve dans une très mauvaise posture qui nous ramène aux moments les plus tendus du tome 1. Mais...

Mais, en réalité, ce tome 2 ne démarre pas avant le premier quart, ce qui fait tout de même plus de 180 pages sur 700+. Déjà le tome 1 était lent à démarrer, il fallait se goinfrer les 60 premières pages (sur 550 dans mon édition anglaise) avant que l'intrigue ne démarre. Dans ce tome 2 c'est d'autant plus long qu'il n'y a plus aucun effet de surprise lorsque le gentil récit journalistique se prend une grenade à fragmentation dans la face. Certes l'auteur nous concocte un petit mystère qui débouche sur une enquête méthodique, finement découpée, mais servie sur un rythme tiédasse, un peu laborieuse vu les infos qu'on a déjà accumulées depuis le début du roman.

La page 69 tombe donc en plein dans le ventre mou proéminent du roman. Permet-elle au lecteur-échantillonneur, donc avare de son temps, de se faire une bonne idée de ce qui l'attendrait ? Nous sommes à la fin de la partie 1 (chapitre 3). Soit dit en passant l'auteur choisit comme gradation dans le titre de ses parties des équations mathématiques sommaires progressivement plus "complexes". Puéril et faiblard puisqu'il nous dit dès la première partie que Salander s'intéresse à démontrer le théorème de Fermat.
Nous sommes dans les Antilles et une grosse tempête arrive. Gros temps donc et gros suspense météorologique. Superficiellement il y a de l'action et on peut se laisser bluffer (Stieg Larsson avait peut-être réfléchi à proposer un peu d'action entre les pages 60 et 80...) mais à y réfléchir d'un peu plus près, il n'y a pas cet élément exogène un peu mystérieux, ce côté oreille qui traine pour prendre la conversation en route. L'action est nue au milieu d'un décor dont font partie les personnages autour de Salander.

A la page 114 le roman n'est toujours pas lancé, est-ce que l'impression générale à ce point diffère de ce qu'on peut trouver (superficiellement ou pas) à la page 69 ? Nous sommes au milieu du chapitre 5 et en pleine exposition de l'enquête sur les réseaux de prostitution. Rien à dire, autant la page 69 montre qu'on s'égare un peu sous les tropiques pour commencer, autant le ton de l'histoire est parfaitement donné page 114. Ceux qui trouvaient le tome 1 trop violent comprendront qu'ils feraient mieux de passer leur chemin. Ceux qui réfléchissent un peu se diront qu'il n'y a pas grand chose à écrire de neuf dans un contexte policier sur la prostitution. Réseaux donc maffia, donc violence, hommes politiques et haut fonctionnaires impliqués qui étouffent les affaires en jouant double-jeu... Bref, le style et la mécanique narrative ont intérêt à être à la hauteur. Quand je pense que certains ont du se goinfrer ça dans la traduction française lourdingue car bâclée pour des impératifs commerciaux...

Millénium 2 a l'air moins original que le premier tome, moins resserré dans son intrigue aussi. Ceci dit, pour en avoir lu plus de la moitié déjà, je dois dire que la mécanique fonctionne. C'est dû en grande partie à l'enquête policière avec sa ribambelle de personnages, un peu manichéens certes mais qui permettent de prendre un peu le large d'avec le pâlichon Blomkvist et son équipe de boy-scouts. Tout ça n'est pas magistral, mais on continue à consommer en client fidèle.

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