Constellation
Attirance morbide de saison (difficile d'échapper aux questions de
sécurité aérienne en 2014), bienveillance pour le faits-divers de
la disparition de Marcel Cerdan porté au rang de tragédie des temps
modernes et curiosité moins malsaine (quoique) pour les jeunes
auteurs français, j'ai été tenté de lire Constellation, d'Adrien Bosc.
Premier roman et tout de suite un prix, mais celui des « 40
papys la tremblotte du Quai Conti » (Desproges), je pouvais
déjà espérer que le bouquin présente quelques gages de fraicheur sans
prendre trop de liberté avec la langue française.
Sans plus de
préjugés l'incipit… ou plutôt non, car avant même d'entrer dans
le vif du sujet l'auteur choisi de fourrer des citations à
intervalles réguliers. En exergue du bouquin, puis de chaque
chapitre. C'est lourd, très lourd. Les citations perdent leur
éventuelle saveur originale et traînent comme des feuilles mortes,
platitudes collées dans l'herbier du collectionneur opportuniste.
Deux citations avant l'incipit :
« La combinaison de quelques mots suffit parfois à orienter notre vie » (Antonio Tabucchi)
puis avant le premier chapitre, Orly,
« Je suis la
vrille colossale / Qui perce l'écorce pétrifiée de la nuit. »
Ces derniers vers ont un certain charme mais ils sont totalement
écrasés par leur utilisation en paraphrase du drame qu'on va nous
raconter. [J'avoue qu'étant étudiant le manque de confiance dans ma
prose me poussait aussi à rehausser mes manuscrits de citations plus
ou moins pertinentes, jusqu'au moment où ça devenait un jeu d'en
recréer, d'en inventer, pour finalement comprendre qu'on n'avait
plus besoin de ces encombrantes « béquilles de la pensée. »]