Mon CV dans ta gueule
C'est rare et pourtant il m'arrive de lire des romans récents. Justement, aujourd'hui que Houellebecq peut pavoiser avec son Goncourt, je suis en train de lire un bouquin qui a une dizaine d'années, et dont l'auteur a disparu de la circulation depuis. Mauvais signe. Mais ne commençons pas à trouver des raisons de préjuger :!
J'ai entendu parler de ce bouquin par celui qui était, à l'époque, le responsable littéraire de l'auteur chez son éditeur. Complètement pas hasard donc. Le titre aussi pourrait justifier de tomber dessus par hasard lors de la recherche d'un manuel technique pour écrire un CV. Le titre est fait pour accrocher le lecteur en recherche d'emploi qui aurait besoin d'un exutoire. Là, vu comme ça, c'est du bon marketing, mais voyons sérieusement ce que ce roman format standard (200 et quelques pages) a dans les folios.
Incipit (prologue) pas du tout (mais vraiment pas) convaincant. Le narrateur est à l'asile, procédé introductif bateau pour nous embarquer dans un flashback sur un rythme narratif très tiré par les cheveux, et sur un style très désinvolte-puérile. Personnellement, si je lis ce début de roman sans me fier à McLuhan (69) ou FMF (99), je l'écarte directement et définitivement de ma vue.
Admettons. L'éditeur a aimé ce démarrage, ou n'y a pas vu de problème rédhibitoire. Page 69 (début du chapitre 5/13) le style n'est malheureusement pas plus intéressant. C'est du "easy reading", phrases courtes, phases narratives au fil de la pensée du héros. Ca ferait penser à quelqu'un de bavard, qui parle, qui parle et qui ne réfléchit jamais. Il est pourtant question d'une histoire d'amour page 69. Mais rien ne suscite notre intérêt pour elle ou pour un autre élément de l'histoire.
Bon, peut-être que je suis méchant aujourd'hui. Houellebecq a eu le goncourt alors que je trouve que son talent est plus dans le marketing de sa personne et de sa production, que dans son écriture. Oui, après tout c'est exactement ça le goncourt, et il faut avouer que Houellebecq il fait référence pour ces histoires de narrateurs introvertis et énervés dans leur frustration (pour le moins) socio-professionnelle. Extension du domaine de la lutte ou les Particules élémentaires (ces 2 là m'ont suffit) ne sont pas des chefs d'œuvre mais on est à un autre niveau d'écriture qu'Alain Weg-machin.
Alors disons que le concept de la deuxième chance pour la page 114 n'a pas vraiment de sens. Le style "new age" langage parlé couché à la va vite n'a quasi aucune chance de changer, cependant, qui sait, l'auteur change peut-être de style à mesure que son histoire s'étoffe et se développe... Page 114 donc. L'avantage c'est qu'on touche au sujet du roman (enfin ! on entre quand même dans la 2e moitié, chapitre 9/13) et cette page nous montre qu'on n'est pas beaucoup avancés par rapport au pitch de l'éditeur en 4e de couv'. Pour le reste, le style est toujours aussi indigent, le dialogue entre le narrateur et son (seul) ami complètement insipide. Bouarf.
Conclusion ? Les romans vraiment mauvais ne font jamais illusion, ni à la première, ni à la 69ème page. C'est comme pour les films : si la première bobine (les 10 premières minutes) n'est pas intéressante, il y a extrêmement peu de chance que ça s'améliore. Pour quelqu'un comme moi qui est attaché à la personnalité qu'un auteur va traduire dans un style, ce genre de rédaction pleine d'un enthousiasme gentillet qui joue avec des gros mots (violence, cynisme, humour noir, critique sociale) c'est du pipi de chat. Je pense que les gens qui sont impressionnés par ça ont de sacrés goûts de chiotte et qu'ils doivent regretter que Marc Levy n'ait pas un peu plus industrialisé son process avec un atelier de nègres.
Full disclosure : j'écris ceci une fois arrivé à la page 150. Donc mon recul est nettement plus important qu'à la simple lecture des pages citées. Donc ce post est plus une critique en bonne et due forme qu'un "test d'achat". Mais ce test proprement effectué m'aurait évité de perdre mon temps à lire ce truc. Après, bon, je dois être dans ce contexte de "sur-disponibilité intellectuelle" (travail, vie répétitifs, pas de stimulation des neurones), une situation certainement trop courante chez les gens et qui se rapproche de ce que Desproges décrivait dans sa chronique de la haine ordinaire Baffrons.
Ce qui est paradoxal c'est que je vais certainement finir ce livre (EDIT: c'est fait) alors que je trouve ça très faible. Pourquoi ? "Easy reading", tout s'enchaine (ou plutôt se dévide) très vite et il y a un vague suspense morbide dans le fond de l'histoire. Inutile de dire que par rapport au pitch qui me laissait espérer un trip virulent genre American Psycho, avec peut-être un style trop franchouilleux, je suis remonté. Non, ça ne manque pas seulement d'ambition, ça manque de talent.
J'ai entendu parler de ce bouquin par celui qui était, à l'époque, le responsable littéraire de l'auteur chez son éditeur. Complètement pas hasard donc. Le titre aussi pourrait justifier de tomber dessus par hasard lors de la recherche d'un manuel technique pour écrire un CV. Le titre est fait pour accrocher le lecteur en recherche d'emploi qui aurait besoin d'un exutoire. Là, vu comme ça, c'est du bon marketing, mais voyons sérieusement ce que ce roman format standard (200 et quelques pages) a dans les folios.
Incipit (prologue) pas du tout (mais vraiment pas) convaincant. Le narrateur est à l'asile, procédé introductif bateau pour nous embarquer dans un flashback sur un rythme narratif très tiré par les cheveux, et sur un style très désinvolte-puérile. Personnellement, si je lis ce début de roman sans me fier à McLuhan (69) ou FMF (99), je l'écarte directement et définitivement de ma vue.
Admettons. L'éditeur a aimé ce démarrage, ou n'y a pas vu de problème rédhibitoire. Page 69 (début du chapitre 5/13) le style n'est malheureusement pas plus intéressant. C'est du "easy reading", phrases courtes, phases narratives au fil de la pensée du héros. Ca ferait penser à quelqu'un de bavard, qui parle, qui parle et qui ne réfléchit jamais. Il est pourtant question d'une histoire d'amour page 69. Mais rien ne suscite notre intérêt pour elle ou pour un autre élément de l'histoire.
Bon, peut-être que je suis méchant aujourd'hui. Houellebecq a eu le goncourt alors que je trouve que son talent est plus dans le marketing de sa personne et de sa production, que dans son écriture. Oui, après tout c'est exactement ça le goncourt, et il faut avouer que Houellebecq il fait référence pour ces histoires de narrateurs introvertis et énervés dans leur frustration (pour le moins) socio-professionnelle. Extension du domaine de la lutte ou les Particules élémentaires (ces 2 là m'ont suffit) ne sont pas des chefs d'œuvre mais on est à un autre niveau d'écriture qu'Alain Weg-machin.
Alors disons que le concept de la deuxième chance pour la page 114 n'a pas vraiment de sens. Le style "new age" langage parlé couché à la va vite n'a quasi aucune chance de changer, cependant, qui sait, l'auteur change peut-être de style à mesure que son histoire s'étoffe et se développe... Page 114 donc. L'avantage c'est qu'on touche au sujet du roman (enfin ! on entre quand même dans la 2e moitié, chapitre 9/13) et cette page nous montre qu'on n'est pas beaucoup avancés par rapport au pitch de l'éditeur en 4e de couv'. Pour le reste, le style est toujours aussi indigent, le dialogue entre le narrateur et son (seul) ami complètement insipide. Bouarf.
Conclusion ? Les romans vraiment mauvais ne font jamais illusion, ni à la première, ni à la 69ème page. C'est comme pour les films : si la première bobine (les 10 premières minutes) n'est pas intéressante, il y a extrêmement peu de chance que ça s'améliore. Pour quelqu'un comme moi qui est attaché à la personnalité qu'un auteur va traduire dans un style, ce genre de rédaction pleine d'un enthousiasme gentillet qui joue avec des gros mots (violence, cynisme, humour noir, critique sociale) c'est du pipi de chat. Je pense que les gens qui sont impressionnés par ça ont de sacrés goûts de chiotte et qu'ils doivent regretter que Marc Levy n'ait pas un peu plus industrialisé son process avec un atelier de nègres.
Full disclosure : j'écris ceci une fois arrivé à la page 150. Donc mon recul est nettement plus important qu'à la simple lecture des pages citées. Donc ce post est plus une critique en bonne et due forme qu'un "test d'achat". Mais ce test proprement effectué m'aurait évité de perdre mon temps à lire ce truc. Après, bon, je dois être dans ce contexte de "sur-disponibilité intellectuelle" (travail, vie répétitifs, pas de stimulation des neurones), une situation certainement trop courante chez les gens et qui se rapproche de ce que Desproges décrivait dans sa chronique de la haine ordinaire Baffrons.
Ce qui est paradoxal c'est que je vais certainement finir ce livre (EDIT: c'est fait) alors que je trouve ça très faible. Pourquoi ? "Easy reading", tout s'enchaine (ou plutôt se dévide) très vite et il y a un vague suspense morbide dans le fond de l'histoire. Inutile de dire que par rapport au pitch qui me laissait espérer un trip virulent genre American Psycho, avec peut-être un style trop franchouilleux, je suis remonté. Non, ça ne manque pas seulement d'ambition, ça manque de talent.